À propos

Utagawa Hiroshige II (1826–1869)
Yoshiwara, série Guide des lieux célèbres d’Edo, 1862
Gravure sur bois, impression en couleur sur papier crépon japonais
29,5 × 20,5 cm
Châteaudun, musée des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle, inv. 2007.0.1.26
Le quartier des plaisirs de Yoshiwara représente un des berceaux de la culture urbaine d’Edo. Lieu de tourisme et de divertissement, sa renommée est renforcée par les estampes dites meisho-e, vues célèbres. Au sein de ce quartier se mêlent mode, salons de thés, petits théâtres privés, boutiques d’estampes et yūkaku (maisons de prostitutions). Les femmes contraintes au commerce sexuel sont soumises à une hiérarchie très stricte qui détermine leur formation, leur clientèle, leur condition de vie et leur lieu de résidence au sein du quartier. En fonction des époques, il existe 8 à 9 rangs de prostituées, allant de la Yobidashi, prostituée reléguée dans les rues, à l’oiran, une courtisane de très haut rang, adulée et dont la formation aux arts classiques est plus approfondie que celle des femmes issues des plus hautes sphères de la société.
Cette estampe offre une vision animée de la rue principale de ce quartier, le Naka-no-chō, reconnaissable par ses majestueux cerisiers qui se dressent au milieu de la voie. Une oiran se trouve au pied de l’arbre, accompagnée de son cortège : deux très jeunes kamuro la suivent, deux kamuro plus âgées la précèdent et une shinzō, dont le rang est légèrement inférieur à celui de l’oiran, se dresse à ses côtés. Le groupe de six femmes propose une homogénéité visuelle organisée autour de la grande courtisane avec, pour référence, le vêtement.
Les kamuro portent le même motif de kimono que l’oiran, pour marquer leur “affiliation” ; les plus jeunes, à l’arrière, sans de coiffures complexes et sans ceintures, témoignent de leurs liens avec l'oiran, mais sont encore très jeunes.
Au contraire, les deux kamuro qui ouvrent la marche semblent être des copies miniatures de l’oiran : elles arrivent bientôt au terme de leur formation et valorisent leur lien avec la grande courtisane.
La shinzō, quant à elle, fait bien partie du cercle de l’oiran, comme l’atteste la ceinture faite de la même étoffe. Encore en apprentissage, elle accompagne l’oiran pour divertir les clients et ne doit pas lui faire de l’ombre.



